Cosmogon

Cosmogonie et Yi King
Cosmogony and Yi King

Les mutagrammes que les Tambours des astres mettent en scène sont construits à partir de transformations mathématiques opérées sur des “permutations” qui sont des combinaisons dont les éléments – objets, lettres, symboles… ­– n’apparaissent qu’une seule fois. Transformer une permutation en une autre consiste donc simplement à modifier l’ordre de ces éléments. Une permutation ABCDEF, deviendra ABCFED ou DFACBE… selon le processus transformatif qu’on lui applique.

De telles mécaniques combinatoires sont également utilisées depuis des temps immémoriaux dans le Yi-King – “Livre des transformations” – qui compile les sagesses de la civilisation chinoise et les transpose en oracles à usage pratique. Le Yi-King est un équivalent chinois du Tarot occidental, mais là où en occident on tirera le Pendu, le Chariot ou l’Hermite… on tirera en Chine l’Attente, la Percée, le Chaudron… Un oracle tiré au Yi-King livre des indications sur la façon d’aborder un moment de vie. Sa vocation est moins de prédire l’avenir que d’inciter à réfléchir d’une certaine manière aux problématiques qui nous occupent. L’ouvrage se base sur les principes philosophiques fondamentaux de la pensée chinoise : le principe de dualité et d’alternance (Yin, Yang), les cycles naturels et la saisonnalité, l’action juste et les équilibres de l’âme humaine – toujours comparés aux équilibres sociaux qui font la vie des hommes – etc. Pour cette philosophie, tout est à la fois équilibre, mutations et retours cycliques ; et il convient, selon cette sagesse, d’adopter une attitude adéquate visant l’harmonie. Cette attitude est une clé permettant de naviguer au mieux à travers les équilibres instables de la vie, en saisir les opportunités et composer avec ses infortunes.

Dans ce classique chinois, des traits brisés, Yin, se combinent à des traits pleins, Yang, pour former des combinaisons de 6 traits appelées “hexagrammes”. Contrairement aux permutations, les éléments – Yin et Yang – peuvent apparaître plusieurs fois. Chacun des 64 hexagrammes qu’il est alors possible de construire porte une signification traduisible en oracle. Le tirage d’un oracle se fait à partir de baguettes d’achillés que l’on manipule pour générer aléatoirement un hexagramme. Les permutations en mathématique sont – comme les hexagrammes du Yi-King – à l’image des processus génératifs qui marquent l’histoire de l’Univers, car à partir de prémisses simples et limitées en nombre, on engendre en les combinant, une grande variété d’entités. Par ailleurs, les hexagramme peuvent être mutables, car un trait Yin peut être appelé à devenir un trait Yang et inversement ; c’est pourquoi le Yi-King est le Livre des transformations. Les Tambours des astres racontent une histoire similaire, car ils sont des images de combinaisons qui mutent les unes en les autres, suivant des processus donnés de transformation.

La parenté entre le Yi-King, et la mécanique combinatoire des permutations est forte : un mutagramme est à la fois le siège de progressions cycliques et de mutations génératrices de variété. À l’instar du Yi-King, les Tambours des astres s’appuient sur la rigueur d’une construction mathématique pour faire naître à la fois la multitude et l’équilibre dans les symétries ; ainsi qu’une symbolique de la vie terrestre et des ordres naturels.

Les Tambours des astres véhiculent une véritable symbolique cosmogonique et une métaphore des processus créatifs de la nature.